La noblesse obligea le nouveau roi à émettre des "diplômes d'inauguration", par lesquels le souverain s'engageait à respecter et maintenir leurs droits et leurs privilèges. Elle les surveilla tant et si bien que Jean de Luxembourg renonça progressivement à s'occuper de la politique intérieure et n'utilisa plus la Bohême que comme une base arrière de ses intérêts dynastiques et impériaux. Le dicton de cette époque "Personne n'est capable de régler ses affaires sans le roi tchèque", témoigne de son importance sur la scène internationale.
Il envoya son fils aîné Venceslas, le futur empereur Charles IV, à la cour de France pour parfaire son éducation. Alors que son père régnait encore, Charles devint margrave morave, puis empereur du Saint empire romain germanique. Il bénéficia de la voix de son père qui votait en tant que roi de Bohême. A cette époque, Jean de Luxembourg était déjà complètement aveugle, ce qui ne l'empêcha pourtant pas de participer en 1346 à la bataille de Crécy aux côtés du roi de France. La bataille, menée au début de la Guerre de Cent Ans, s'acheva par une victoire des Anglais. Jean de Luxembourg fit partie des victimes. Son fils Charles, (1346–1378), y fut blessé mais, heureusement pour les pays de la Couronne de Bohême, ses blessures furent sans gravité.
Dès sa montée sur le trône, Charles IV était un politicien expérimenté . En 1344, il négocia avec le pape Clément VI, qui avait été autrefois son professeur en France, et fit élever l'évêché de Prague au rang d'archevêché . Arnošt de Pardubice fut le premier archevêque. Le 7 avril 1348 fut créée la plus ancienne université en Europe centrale , l'Université Charles. Elle fut fondée en tant qu'université impériale, c'est-à-dire ouverte aux étudiants de tout l'empire et sa direction était majoritairement assurée par les nations étrangères. Charles IV fit construire la Ville-Nouvelle de Prague , le Pont Charles reliant la Vieille-Ville au Petit Côté (Malá Strana), entama la reconstruction de la cathédrale Saint Guy et fit construire des châteaux forts, dont le plus important est Karlštejn , nommé d'après son fondateur. L'aspect actuel de la Couronne de Saint Venceslas , un des plus importantes joyaux de la couronne tchèque, date de l'époque du règne de Charles IV.
En 1355, Charles IV fut couronné à Rome empereur du Saint empire romain , le plus haut titre temporel. Un an après, il fit publier la Bulle d'or. Celle-ci instituait que pour élire l'empereur du Saint empire romain, la majorité simple des voix des princes-électeurs du Saint Empire suffisait. Le roi de Bohême occupait parmi eux la première place et, à la différence des autres électorats, le trône de Bohême pouvait s'hériter en ligne féminine : la fille du roi pouvait donc monter sur le trône de Bohême.
Charles IV tâcha d'anticiper les tensions et les dissensions avec la noblesse. Il sut même céder du terrain. Quand dans les années 1350, il prépara la loi foncière, la Majestas Carolina , que l'aristocratie considérait comme une attaque contre ses privilèges, Charles IV préféra déclarer que le document avait brûlé. L'Eglise représenta un soutien important de Charles IV. Tant son influence que ses richesses connurent un accroissement considérable pendant son règne.
Charles IV se maria à quatre reprises. Ces mariages avaient des raisons politiques et étaient conclus dans l'objectif d'une extension territoriale ou d'un renforcement de sa position internationale. Charles IV est l'auteur d'une autobiographie écrite en latin, la Vita Caroli. En raison de son apport à la nation tchèque et de l'importance qu'il occupe dans l'histoire tchèque, le titre de Père de la nation lui revient de plein droit.